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Le choc de simplification. Sans cesse le gouvernement martèle ce sujet en  évoquant avec justesse la nécessaire rationalisation du rôle de l’Etat, la limitation des doublons,  son indispensable réorganisation pour plus de cohérence et d’efficience. Il faut « mieux » d’Etat et l’on sait désormais que l’efficacité des pouvoirs publics est loin d’être anecdotique pour actionner la prospérité d’ensemble des sociétés. L’actuelle Bretagne est dans ce cadre le terrain de jeu privilégié pour joindre la parole aux actes. De manière unique, la singularité de ce territoire est en effet d’être actuellement biffée de découpages invraisemblables qui en freinent la cohérence. Ici, le droit s’exerce sur 5 départements quand le pouvoir politique en concerne 4. La ville de Redon est en Bretagne quand la commune pourtant contiguë de Saint-Nicolas-de-Redon est dans les « Pays de la Loire ». La réalité des flux logistiques  du port de Nantes-Saint-Nazaire s’exerce très largement sur 5 départements mais ceux qui s’en occupent gèrent ici la Bretagne, là les Pays de la Loire, plus loin le grand ouest (le CETE de « l’ouest »). Si « le tourisme en Loire-Atlantique est déjà breton » (cf article sur ce site), la prolifération des structures censées s’en occuper conduit à des pertes en ligne et de notoriété considérables. Bienvenu à Montoir-de-Bretagne mais vous êtes en région Pays de la Loire. Le château des ducs de Bretagne à Nantes est tour à tour breton, ligérien, du Val de Loire, du « grand » ouest et est même devenu un temps « château des ducs »… Ce négationnisme historique et ces égarements sont aujourd’hui inacceptables et contre-productifs.

Dans une France prise dans la tourmente économique, n’est-il pas temps enfin de faire correspondre le droit à la gouvernance,  l’économie aux réalités et au ressenti des populations, le tourisme aux fondements culturels, l’économie aux exigences de promotion désormais inséparables d’appellations et de marques claires ? A l’origine du mouvement girondin, les Bretons n’accepteront pas d’être oublié par une réforme territoriale qui les laisserait de côté. Le Comité Balladur prônait de façon claire une mise en cohérence non seulement pour la Bretagne mais aussi pour les régions voisines (la Normandie, le Val de Loire…). L’ensemble des partis politiques souscrivait à cette demande. Or, de façon inexplicable, ce mouvement progressiste et constructif est désormais bloqué ou contré par une minorité d’élus de l’actuelle majorité qui  -il y a quelques mois- s’agitaient pourtant et vitupéraient pour que la Loire Atlantique soit bretonne.  Où est la sincérité de ces hommes politiques ? Où est le choc de simplification ? L’enjeu breton n’est pas uniquement de portée régionale. Il est la clé pour savoir si le gouvernement va joindre à ses belles déclarations des actes tangibles permettant enfin à la France de se réformer en valorisant ses meilleurs terrains. Bretagne à 5, Assemblée de Bretagne…  nulle part en France n’émerge une telle espérance pour participer à la construction d’une République modernisée. Les Bretons attendent cette décision. Ils ont la mémoire longue et agiront de façon très claire s’ils sont les seuls pénalisés par une réforme qu’ils ont par leur mouvement initiés.

Le Comité de Rédaction.