Sélectionner une page

Fondateur du Groupe FUTUROUEST, dont le Siège est à Lorient (Bretagne), Liam Fauchard de double formation et double pratique en sciences physiques et sciences sociales, est aussi écrivain et poète.
Entre une décision élyséenne de redessiner le périmètre des régions prise sur un coin de table le 2 Juin 2014 et le temps nécessaire à la prospective (longtemps pratiquée par Liam Fauchard), il y a de toute évidence, un écart, un espace, voire une étendue ; c’est bien deux conceptions.

Article de lemonde.fr

Le futur des régions

Le Général De Gaulle a écrit que les cultures étaient plus fortes que les idéologies ; signifiant que les composantes de la culture d’un peuple (au sens complet du terme), c’est-à-dire la combinatoire de géographie + pratiques socioéconomiques + histoire + pratiques sociales et culturelles + croyances… était déterminante pour assurer l’engagement des hommes dans des processus coopératifs de prospérité. Le cas de l’Union Soviétique lui a donné raison : lorsqu’un système politique de nature coercitive, qui a tenté durant sept décennies de construire l’homme nouveau, se délite, on retrouve quasi intactes les cultures russe, azéri, moldave, géorgienne, etc.
La réforme régionale envisagée est absurde. Dans une visée purement technocratique qu’on croyait révolue et digne d’un passé vieux d’un demi-siècle, l’idée de diviser par deux le nombre des régions métropolitaines est irresponsable car totalement contraire aux cultures des peuples de France. Qu’on le veuille ou pas, il n’y a pas d’égalitarisme républicain, les rapports de la Cour des Comptes le démontrent depuis des années ; de plus, on n’organise pas la vie collective productive et sociale de la même manière à Soissons et à Perpignan. De même, nous constatons que dans moult « Départements » de France des panneaux sont réapparus tels qu’Anjou, Touraine, Dauphiné, Bretagne, Catalogne, Picardie, Savoie… Il faut donc revenir aux fondamentaux culturels.
Entre 2015 et 2030, voilà ce qui peut se faire sans heurts.
Temps-1 : annoncer la suppression des Départements, laisser les provinces historiques s’exprimer et s’affirmer, et peu importe que l’on se retrouve avec 30 ou 40 provinces ; et qu’on ne nous ressorte pas l’argument de la taille, c’est un critère non-significatif : est-on hostile au fait que le Luxembourg, l’Islande, le Danemark, le land de Brême, le Val d’Aoste soit petits, cohérents… et prospères ? Ce qui est déterminant pour la prospérité c’est la confiance que les habitants ont dans leurs socles culturels et socio-économiques communs.
Temps-2 : serait proposé un processus de mariage entre les provinces affirmées et reconnues qui le voudraient ; cette démarche devrait être calquée sur les processus de votation utilisés en Suisse, ce qui implique de prendre le temps des explications, d’avoir des débats contradictoires dans toutes les sphères économiques, sociales, associatives, d’enseignement… Le mariage devra se traduire par une économie d’échelle des moyens mutualisés.
Temps-3 : serait proposé aux provinces seules et aux provinces mariées un processus de coopération renforcée entre elles, y compris avec des régions extra-françaises, Savoie et Val d’Aoste, Alsace et Land germanique, Artois et Wallonie, Roussillon et Catalogne… à titre d’exemples pour illustrer ce troisième temps.
Pour un retour aux fondamentaux fructueux, il faudrait doter ces espaces humains cohérents du triptyque Compétences + Moyens + Responsabilités. Pour mémoire, la Région Bretagne actuelle a un budget de l’ordre de 1G€ ; pour une population inférieure, celui du Pays de Galles est de 20G€. Et plus question de venir pleurer auprès de papa Etat, il faudra assumer ses choix.

Liam FAUCHARD / FutureScan / Mai 2014

NB = Dans la pratique nous passerions de 125 institutions (Départements + Régions) en France Métro à … sans doute une trentaine. Quel choc de simplification !