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Cette chronique a été publiée dans la rubrique carte blanche de l’édition dominicale du Télégramme du 30 Novembre 2014

Le « big bang territorial » annoncé par Manuel Valls devient un trou noir. Création d’un côté de « grandes » régions technocratiques, refus de l’autre des identités (Bretagne, Alsace) pourtant revendiquées par les populations. La France considère toujours ses régions avec circonspection sinon comme une menace. Figé dans un centralisme qui a fait la preuve de son incurie (l’essor invraisemblable du chômage, plus de 2.000 milliards de dette !), le gouvernement passe à côté du XXIe siècle. Il oublie la nouvelle aventure territoriale qui écrit à l’inverse les performances par la valorisation des diversités et dés identités, libère ses territoires, fertilise des actions non plus pyramidales mais ascendantes et collaboratives. Quelle erreur ! Quellé tragédie ! Une minorité de nantis souhaitant conserver leurs privilèges rate la marche et envoie définitivement la France dans le mur.

Alors que faire ? Avec sa foi dans une économie productive, sa masse démographique et son identité, la Bretagne est capable de faire plier Paris, de démontrer preuve à l’appui que les dynamiques de régionalisation et de prise en compte des subtilités géographiques et sociales deviennent des leviers de compétitivité. On sait que cette réalité passera difficilement par des élus inféodés au système, certains s’étant d’ailleurs décrédibilisés en niant une unité bretonne qu’ils réclamaient mordicus quelques mois plus tôt. Mais la partie n’est pour plusieurs raisons pas perdue. Ils ne pourront jamais détruire une Bretagne ou une Alsace qui existent dans les têtes et surtout dans les cœurs. L’unité bretonne existe déjà (la Cour d’appel exerce son autorité sur l’ensemble des cinq départements) et surtout se renforce pour des raisons tout simplement économiques et de cohérence : Produit en Bretagne, le choix des acteurs de Guérande à Pornic de promouvoir l’appellation touristique « Bretagne Plein Sud », l’essor du pôle mer Bretagne en Loire-Atlantique, la diffusion du. bzh, etc. En somme, le monde économique et le bon sens des habitants débordent aujourd’hui un appareil technocratique à la dérive. En avant les Bretons, le fait peut précéder le droit. Mettons la Bretagne en marche. Courons plus vite que Paris.

Jean Ollivro, Enseignant à l’Université de Rennes 2

Chronique à retrouver  sur le site du Télégramme : www.letelegramme.fr/bretagne/reforme-territoriale-l-occasion-manquee-30-11-2014-10443994.php