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Le patronyme Le Pen est un nom bien de chez nous même si, écrit correctement, il prendrait deux n. Peu importe. Jean-Marie Le Pen est né le 20 juin 1928 à La Trinité-sur-Mer. Marine Le Pen est née le 5 août 1968 à Neuilly-sur-Seine. Concrètement, ces deux personnes vivent en France et n’ont strictement rien à faire de la Bretagne. Ce n’est pas une critique et chacun pense ou fait ce qu’il veut. Il est essentiel de dire que chacun a le droit de dire que la Bretagne n’a aucune importance. D’ailleurs, lors du dernier débat télévisé, Marine Le Pen a très clairement rappelé qu’elle voulait la suppression des Régions et donc détruire le très faible pouvoir régional dont la Bretagne dispose. Dont acte. Marine Le Pen propose d’en revenir à la Révolution française et de liquider la Bretagne jusqu’à son nom. C’est son droit.

Il est alors pour le moins étrange qu’elle vienne faire son clip de Bretagne à Quiberon, sur la « presqu’île sauvage ». Sur le fond, elle en a bien sûr le droit. Bien sûr, il eut été préférable qu’elle en demande l’autorisation avant d’associer Quiberon ou la Bretagne à son image. Mais ce n’est pas le plus grave. Après tout, chacun a le droit de se promener en Bretagne s’il le souhaite. Celui qui vient découvrir la Bretagne est généralement bien accueilli.

A l’inverse, il est pour le moins indécent de venir surfer sur la bonne image d’ensemble de la Bretagne et simultanément de demander sa disparition. D’un côté, le choix breton n’est pas évidemment pas désintéressé. Elle souhaite être comme portée par une image porteuse et ses cabinets de communication n’ont évidemment pas choisi « la presqu’île sauvage et authentique » par hasard. Elle se veut elle-même « sauvage et authentique ». L’identité bretonne est donc une pépite qui va faire vendre, qui va faire voter. Présentons-nous les cheveux dans le vent sur la côte sauvage !

Sauf que les Bretons ne sont pas dupes et préféreraient que cette personne qui demande la disparition de la Bretagne aille faire sa propagande ailleurs. Il est pour le moins fallacieux, en réalité clairement malhonnête, de demander la disparition institutionnelle de la Bretagne tout en venant bénéficier de son image et de son identité. Madame Le Pen, on ne peut pas avoir tout et son contraire. Le beurre est salé, même à demi, ou sans sel. A vous de choisir. Vous luttez depuis toujours contre les spécificités régionales et proclamez depuis toujours la France indivisible. Soit. Il semble alors pour le moins délicat, sinon indécent, de venir surfer sur l’identité spécifique de la Bretagne au moment précis où, dans votre programme, vous demandez de façon très explicite de supprimer d’un trait de plume la totalité des maigres pouvoirs régionaux.

Le Comité de rédaction