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Didier Berhault, avocat breton résident à Paris, souligne les incohérences du projet et les illusions du Sénateur Ronan Dantec qui tente de marier la carpe et le lapin, les vrais démocrates et les jacobins les plus radicaux, prêts à tout pour empêcher l’expression de la réalité bretonne dans tous ses aspects. Ce que veulent les Bretons, ce n’est pas un hochet culturel ou identitaire. Il veulent une région politique et cohérente en mesure de prendre en main son destin.

Le comité de rédaction


DIDIER BERHAULT avocat, Paris.

Je vous adresse la présente car votre proposition me laisse dans un abime de perplexité.
Qu’y serait une assemblée de Bretagne ? Un « conseil culturel bis » sans pouvoirs ou un nouvel étage dans le mille-feuille ?
Comment y seraient traitées les identités « Vendée » et « Val de Loire » si ce n’est avec d’autres « assemblées » ?
Y aura-t-on des bureaux, assemblées ou autres établissements pour les questions linguistiques, mais aussi pour celles viticoles ou encore pour celles maritimes ?
On sent bien que ce projet conduirait à la prolifération de Conseils et autres chambres vides mais onéreux.
La dispersion des responsabilités y serait le corollaire de l’irresponsabilité politique : « ni connu ni vu », des projets somptuaires, des folles dépenses de communication auxquelles nous a habitué l’assemblage actuel des Pays de la Loire.

Qu’y seraient les projets économiques communs entre la Sarthe, le Maine et Loire et le Finistère ?
Qu’y deviendrait l’économie de l’Ouest de la péninsule concurrencée par une « Bretagne orientale » déplacée de RENNES au MANS, bientôt la banlieue de Paris ?
Plus généralement que deviendraient les campagnes, ou croît le Front National, dans une région bâtie pour le triomphe des métropoles sur un territoire asservi ?
Qu’y deviendrait la région CENTRE elle aussi esseulée et étriquée sans les départements de l’Est des Pays de la Loire ?
Y serait t’elle éclatée entre ses voisines ? Alors pourquoi ne pas le faire pour les Pays de la Loire ?
Cet attelage entre des assemblées « de gestion des identités » et une assemblée de « gestion des affaires économiques » témoigne de l’absence d’appréhension de la culture et de l’identité comme l’un des fondements du développement.
Il est à l’image de la réunion fortuite des signataires de votre appel.
On y trouve des personnalités authentiquement attachées à l’identité bretonne dont on comprend que pour elles ce projet est un moyen de sauver l’identité bretonne en Loire-Atlantique mais dont les amis considèreront qu’elles abandonnent la bataille au milieu des combats.
On y relève d’autres qui, elles, se sont illustrées par une réticence éloquente à ce sujet et dont le projet métropoliste est avéré.
Ce projet me semble mort né.
Contrairement à ce que la question mal formulée du sondage du 3 juillet pourrait laisser penser, les Bretons y sont opposés. En effet il signerait la mort de la Bretagne politique, dans une fusion qui est refusée par 94% des bretons (sondage BVA du 11 juillet 2014) lorsqu’on leur explique de manière détaillée en quoi elle consiste.

Je m’adresse particulièrement aux sénateurs bretons et écologistes dont je partage nombre de points de vue car je suis surpris de ce mariage entre des « lapins bretons » et des « carpes métropolistes ».
Qu’ils pardonnent ma franchise mais le courage, lui, serait de résister au dictat d’un gouvernement qui refuse le redécoupage infrarégional, car la solution  pour résoudre le problème des TROIS régions CENTRE, PAYS DE LA LOIRE et BRETAGNE c’est de répartir les départements des Pays de la Loire et leur PIB entre la Bretagne et le Centre.
Votre proposition n’est une solution pour aucune d’entre elle, sinon pour les partisans d’une conception centralisatrice et uniformatrice de la société.

DIDIER BERHAULT
SELARL DIDIER BERHAULT SOCIETE D’AVOCATS