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Est-ce lié à la situation économique et notamment à l’essor en continu du chômage ?  Est-ce lié aux aveux d’élus impuissants constatant eux-mêmes « qu’ils n’y arrivent pas » ?
Quoiqu’il en soit, des voix de plus en plus nombreuses évoquent un système centraliste à bout de souffle et la nécessité d’une réforme régionale puissante et cohérente. Le modèle pyramidal à la française ne marche plus et cumule désormais 2000 milliards d’Euros de dettes (soit environ 35 000 environ par habitant). La seule réponse est de libérer les économies régionales pour plus de performance économique. Dans ce cadre, de plus en plus d’auteurs pressent l’Etat de déverrouiller la « machine » France par une réforme enfin ambitieuse et cohérente. Sur ce sujet, les Bretons sont en pointe. On peut citer entre autre l’ouvrage d’Hervé Serieyx et de Franck Delalande (la métamorphose bretonne), ceux des bretons Daniel Cueff et Jean-Lacques Urvoas, les écrits de nombreux universitaires, les prises de position très fermes et convergentes des géographes de Bretagne, des acteurs culturels, de l’ensemble du monde juridique ou de multiples décideurs économiques et de chefs d’entreprises. Les bretons sont les seuls en France a être aussi déterminés avec au moins 30 000 manifestants à Nantes et des arguments clairs, incontestables, relayés notamment par Bretagne Réunie ou sur notre site.

Aujourd’hui, comme le démontre l’émission de France 3 « Génération Bretagne » du 24 octobre 2014 (http://pluzz.francetv.fr/videos/generation_breizh_,111485903.html), cette mobilisation démocratique ne peut plus être ignorée, d’autant que le nombre de personnes présentes aux mobilisations ne cesse de croître. La pression monte. Les bretons, en pointe d’un mouvement girondin, vont-ils être les dindons de la farce et les seuls pénalisés ? Car ailleurs, les forces se mobilisent moins et les dynamiques sont moins vives. Or, les acteurs sont curieusement écoutés. Sans une seule mobilisation dans les rues, la Normandie semble avoir gagné et bravo. Avec environ 10 000 personnes dans les rues de Strasbourg et une mobilisation très forte des élus, l’Alsace semble aussi en passe d’être heureusement entendue. Et la Bretagne ? Et les Bretons ?

Actuellement, un élément neuf et positif est toutefois que la parole se libère.
De multiples voix nationales se rendent compte de l’inefficience du centralisme, posent la question clé des compétences et dénoncent une réforme et des découpages bricolés à la dernière minute ou « sur un coin de table » (F. Bayrou). « Osons la décentralisation » ! clame dans un autre registre le professeur d’université Vincent Aubelle en préconisant évidemment une Bretagne avec Rennes et Nantes (ed. Berger Levrault, 2014).
Dans la presse nationale, des journalistes unanimes de droite comme de gauche sont aussi de plus en plus nombreux à ferrailler en soulignant qu’une « grande »réforme régionale doit tout simplement « écouter les citoyens » (http://blog.lefigaro.fr/rioufol/2014/06/francois-hollande-est-desesper.html … à moins d’être totalement « ratée » (cf. l’excellent article réalisé par Christine Kerdellant, « Réforme des Régions, une occasion ratée » (22/10/14) dans le magazine L’Express).

L’indispensable régionalisation de la France a été avec raison présentée comme cruciale par le Président et le Premier ministre. C’était le même discours avec le Comité Balladur qui naturellement préconisait l’unité et la reconnaissance bretonne. C’était à l’époque une évidence. Or, avec un risque évident d’accident, voilà qu’actuellement on prend en Bretagne la bretelle d’autoroute à contresens avec un découpage pour le moins directif, technocratique et pyramidal qui oublie des revendications de plus en plus massives et permanentes. Paris oublie l’exaspération que susciterait la négation de la Bretagne, que ce soit dans ses droits ou ses compétences. Paris oublie que la création de régions technocratiques s’inscrirait totalement à contresens du projet initial et de fait incarnerait à nouveau la toute puissance d’un centralisme obsolète.

L’enjeu de l’unité bretonne est central  et il faut avoir confiance.
Cette unité sera le déclencheur d’un pays changeant enfin de voie pour faire confiance à ses régions. Dans cette époque difficile, l’enjeu est tout simplement de libérer, déverrouiller et faire prospérer l’économie nationale.

Le Comité de Rédaction.