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Une frontière de plus en plus vive s’instaure entre une Bretagne vécue, ressentie et la réalité institutionnelle. La population considère ici la pluralité urbaine et rurale comme une chance et Paris finance des métropoles. 71 % des habitants de la Loire-Atlantique se disent bretons et l’on conforte la région des « Pays de la Loire ». La quasi-totalité des scientifiques étudie sans plus d’interrogation la Bretagne telle qu’elle est, sur ses cinq départements et pour de simples cohérences analytiques (les historiens, les naturalistes, les sociologues, les géographes, les anthropologues etc.). Mais on impose à marche forcée une fusion administrative « Bretagne-Pays de la Loire » que personne ne réclame. On pourrait poursuivre la litanie des incohérences. On a tenté un temps d’effacer la Bretagne juridique, heureusement sans succès. Le droit n’en avait plus. Le droit était sans droit. 30 000 personnes dans la rue à Nantes et l’on fait comme si rien ne se passe. On vient d’abandonner les projets touristiques de valorisation des marches de Bretagne qui courent depuis des siècles de Fougères à Machecoul.

Oui mais l’histoire n’existe pas. C’est connu, les universitaires bretons sont incompétents. Ils consacrent leurs vies à un territoire sans intérêt. Le droit a tort. La science a tort. Le peuple a tort. La géographie a tort. L’histoire a tort. L’Etat français devient le nettoyeur des identités. Un effaceur de mémoire. La fusion des universités et du « savoir » est un exemple emblématique et l’on avance sur une technocratie toujours plus loin des hommes.

Pendant ce temps, le « festival du livre en Bretagne de Guérande » prépare sa 11e édition du 23 au 27 novembre 2015. Les universitaires, souvent discrets, poursuivent leurs investigations sur un terrain de recherche naturellement déterminé et souvent déterminant. Basée à Sucé-sur-Erdre (44), l’entreprise « Bretagne Plaisance » vient de lancer sur l’Erdre un navire que l’on peut conduire sans permis. Sur TF1 et lors d’un reportage, un ouvrier de « l’Oasis », loin d’être militant, parle naturellement de Saint-Nazaire « en Bretagne ». Les publicités du match Rennes-Nantes évoquent le « derby breton ». Ouest-France s’interroge sur un « mini-championnat régional » actuellement serré entre Nantes, Rennes, Guingamp et Lorient. Entre autres, l’appellation touristique « Bretagne Plein Sud » (de Guérande à la Turballe) vient de proposer de nouvelles modalités d’hébergements.

Oups ! On oubliait. La filière touristique est aussi sans importance et les professionnels évidemment se trompent. Désormais, tout le monde a tort en Bretagne sauf Paris.

 

Le Comité de Rédaction de construirelabretagne.org