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Pas facile de recenser tous les Bretons résidant à l’étranger… Et pour cause, ils sont partout, on peut les trouver dans une crêperie à Hong-Kong ou sur un terrain de football à New York. Véritable communauté éparpillée tout autour de la planète, les Bretons se retrouvent à travers des réseaux sociaux sur mesure, symboles spécifiques et des valeurs de solidarité et d’ouverture sur le monde. Venez découvrir une diaspora pas comme les autres ! 

Photo postée sur le site Breizh Flag trip Tour 

Une tradition de solidarité

S’il est difficile de statuer sur le nombre exact de Bretons à l’étranger, on peut aisément supposer qu’ « au moins un Français sur dix vivant à l’étranger peut se revendiquer breton », affirme Corentin Biette, jeune entrepreneur breton, créateur entre autres du réseau social Breizhbook. Selon lui cette diaspora est résistante car fondée sur des liens de solidarité extrêmement forts qui constituent une part essentielle de la culture bretonne, « dans une péninsule au climat imprévisible, loin du centre économique de la France, ajouter une culture de l’isolement humain n’aurait pas eu de sens. S’aider, parler, trinquer ensemble, échanger, rire, c’est naturel en plus d’être utiles, ce sont des choses qui rendent heureux ».

Pour illustrer cette solidarité, Corentin Biette ne manque pas d’exemples. Quand il était à l’étranger, en VIE, il était normal pour lui d’héberger des Bretons qu’il ne connaissait pas, tout en sachant qu’un autre Breton aurait surement fait de même pour lui.

Une diaspora historique et ultra connectée depuis bientôt 50 ans 

Dans sa thèse, « Sociologie de la composition des collectifs web 2.0 : le cas de la diaspora bretonne » Simon Le Bayon définit l’initiative de BZH Network comme l’illustration d’une «  forme originale de collectifs diasporiques fortement marqué par les technologies du web et de l’internet. » le BZH Network qui a fêté ses 10 ans en 2015 a été le premier collectif à fédérer la diaspora bretonne à l’échelle planétaire. L’objectif était de « connecter les Bretons partis à l’étranger à travers un réseau global d’informations et d’échanges en vue d’accroitre le capital social des individus ». BZH Network rassemble plusieurs milliers de Bretons – cadres, ingénieurs, commerciaux … étudiants, chercheurs d’emplois – dont la moitié est installée à l’étranger.

Concept de BZH Network : Mettre l’intelligence collective bretonne en réseau. 

L’Association Les Bretons du Monde est aussi symbolique de ce rayonnement de la diaspora bretonne à l’échelle mondiale. L’initiative est lancée en 1970 sous l’impulsion du premier Congrès de l’Organisation des Bretons Emigrés. En 1971, lors du deuxième congrès, le premier secrétaire général recense déjà 37 associations bretonnes à l’étranger. En 2005, l’Association se mondialise de plus en plus et adopte officiellement le nom « les Bretons du Monde ».  Aujourd’hui, le site des Bretons du monde fournit une base de contact pour faciliter l’implantation de Bretons dans un nouveau pays, aide à trouver du travail ou permet simplement d’échanger ses expériences et les bons plans.

De plus en plus de nouveaux réseaux pour dynamiser la diaspora

Breizhbook, créé en 2011, est un réseau social pour « les Bretons et amis de la Bretagne » et s’inscrit dans la même lignée que BZH Network et les Bretons du Monde pour donner un cadre à la diaspora bretonne. Son créateur Corentin Biette insiste bien sur cette démarche d’ouverture et d’interaction, il définit son réseau social « comme un complément à Facebook pour permettre un ancrage plus local, il y a aussi une véritable ligne éditoriale et un travail de contenu, un partenariat avec d’autres médias. » Le site a d’ailleurs publiéune carte du monde, réalisé par le journaliste Jérémy Joly, sur laquelle sont recensées toutes les associations bretonnes dans chaque pays. Ce même journaliste, actuellement basé au Pérou, a écrit un article la diaspora bretonne étend ses ailes, disponible sur le site d’information L’imprévu, pour proposer un panel exhaustif de tous les outils qui servent à fédérer la diaspora bretonne autour du monde et à promouvoir la culture bretonne. Parmi eux, on retient notamment le « Breizh flag trip tour« , un site qui permet aux internautes de poster une photo d’eux en brandissant le « Gwen-ha-Du » n’importe où dans le monde. D’après le site mabretagne.com, au dernier recensement, le drapeau breton avait été déployé dans près de 160 pays.

Une identité qui séduit beaucoup outre-atlantique 

Le charme breton séduit à l’international. Charles Kergaravat, fondateur de l’Association Breizh Amerika organise depuis plusieurs années une tournée de concerts aux Etats-Unis avec des musiciens de culture bretonne et des Etats Unis dans un esprit d’émulation artistique et d’échanges culturels. La tournée aura lieu en mai 2016 et passera dans plusieurs villes américaines comme Détroit, Saint Louis ou Chicago. Charles Kergaravat n’entend pas promouvoir un événement folklorique ou ringard mais réellement proposer un rassemblement culturel et musical de qualité. Alex Asher par exemple, un jazzman et excellent musicien sera de la partie.

A une échelle différente, Charles Kergaravat cite aussi la réussite de la marque Armor-Lux. La marque qui avait engagé en 1994 un styliste japonais, Zucca, a réussi à se renouveler et s’attaquer au marché international tout en conservant une qualité et une identité bretonne reconnaissable. La marque bretonne a réussi à séduire les hipsters de Brooklyn avec ses fameuses marinières et a pu ouvrir une boutique en 2012 en plein New-York à Soho.

 « Une culture qui est un vecteur d’économie »

Les outils pour promouvoir la diaspora bretonne au niveau économique prennent de plus en plus leur essor. L’organisme « Bretagne Commerce International » regroupe 400 entreprises bretonnes sur lesquelles le Conseil régional de Bretagne et le CCI Bretagne s’appuie pour soutenir l’économie bretonne et assurer son développement international. Le réseau est constitué de plus de 100 partenaires résidant dans plus de 100 pays. Avoir un interlocuteur sur place facilite l’implantation de l’entreprise et son développement à l’international.

David Roussier, directeur général de la distillerie Warenghem témoigne : « Aujourd’hui on est présent aux Etats-Unis et au Canada, en France, Suède, en Australie, au Japon… En Allemagne par exemple, l’agent sur place s’est chargé de rencontrer l’importateur et le fait d’avoir un intermédiaire a retenu l’attention des gens plus facilement ».

Les incubateurs de startups se sont aussi beaucoup développés ces dernières années. Parmi eux, on peut citer la West Web Valley, qui fournit à toutes les startups désireuses de s’agrandir un tremplin indéniable. Fort d’un gros réseau et de plusieurs millions d’euros sous gestion, la West Web Valley s’est donné comme mission de booster les startups bretonnes les plus prometteuses pour les propulser à l’international.

Dans une perspective différente, l’association Breizh Amerika organise un concours ouvert aux startups bretonnes pour favoriser le contact entre startups bretonnes à fort potentiel et les acteurs respectés de l’écosystème des startups américaines. Le fondateur Charles Kergaravat incarne par son histoire familiale le lien fort qui existe entre les Bretons de l’étranger et l’Amérique. Ses parents faisaient partie des premières vagues de migrations bretonnes dans les années 50, il a passé sa vie aux Etats Unis mais revenait tous les étés en Bretagne. Cette biculture a toujours été vécue comme une force, qu’il entend désormais faire profiter à l’ensemble de sa région, « la culture peut être un vecteur d’économie aussi ». Les gagnants du concours startups auront l’opportunité d’aller se former au marché américain et trouver des investisseurs potentiels. Pour Charles Kergaravat, l’esprit entrepreneurial breton est incarné par les success-story foudroyantes de Jean Louis le Duff, breton qui possède 1.658 boulangeries et restaurants sur les cinq continents ou encore de Vincent Bolloré qui a lancé en septembre 2015 son service de voitures électriques BlueIndy à Indianapolis.

Mathilde Poncet (www.lepetitjournal.com) vendredi 19 février 2016

Source : http://www.lepetitjournal.com/expat/vie-quotidienne/237945-diaspora-bretonne-les-bretons-a-la-conquete-du-monde